Doctorant (2023 – ) en sciences du langage (section 7) et sciences de l’éducation (section 70), sous la co-direction de Véronique Fillol (MCF HDR) et Elatiana Razafimandimbimanana (MCF HDR).
Émanant d’une volonté politique provinciale « Pour une école qui nous ressemble et favorise la réussite », l’enseignement CLK (culture et langue kanak) est obligatoire sur l’ensemble du territoire de la Province des Iles Loyauté. Le PEPIL (projet éducatif de la Province des Iles Loyauté), qui n’est autre qu’une adaptation du projet éducatif calédonien, émet 6 grandes orientations. L’une d’entre elles est l’enseignement CLK avec la recommandation d’une structuration de cet enseignement.
Il s’agit avant tout de définir l’enseignement CLK (dont fait partie la langue nengone) : consiste-t-il d’un enseignement de la langue ou d’un enseignement en langue ? Choisit-on de faire du nengone l’objet cible de l’intervention didactique ou un support d’enseignement ? Cette distinction implique des finalités différentes quant au statut et aux fonctionnements des langues en jeu.
Quels sont les obstacles à l’intégration du nengone comme langue d’enseignement ? Qu’en est-il du français, une langue d’enseignement (cf. Accord de Nouméa) ? Comment s’articule ces deux langues et leurs fonctions au sein de l’espace scolaire ? Ce point est central dans la réflexion visée, elle posera les bases conceptuelles et pratiques d’une structuration contextualisée de l’enseignement du nengone à Maré.
Pour répondre conjointement aux attentes institutionnelles (celles de de la direction de l’enseignement de la NC, celles de la direction de l’enseignement de la Province des Iles Loyautés PIL) et aux besoins du terrain, le présent projet de thèse vise trois objectifs principaux :
L’analyse (sociolinguistique) de la répartition fonctionnelle des deux langues en usage à Maré constituera un élément clé de la recherche.
Ainsi, à partir de toutes ces observables de terrain et des problématiques inhérentes, la recherche-action sera force de proposition didactique et pédagogique dans un constant échange avec le terrain de recherche. Plus largement, la question concerne la manière de gérer en classe la diversité des profils plurilingues des élèves d’une part, et d’autre part les modalités d’utilisation du nengone en classe qui permettront d’envisager des propositions didactiques. Par exemple : l’enseignement paritaire, le co-enseignement, l’éveil aux langues, l’analyse comparée du français et du nengone dans des temps dédiés à l’étude des langues.
Il existe dans le champ de la didactique des langue-cultures plusieurs modèles d’enseignement bilingue. Quel « modèle » s’appliquerait le mieux à la situation bilingue à Maré ? Les travaux menés en didactique des langues-cultures et en sociolinguistique au sein du terrain éducatif en Nouvelle-Calédonie préconisent la prise au sérieux des expériences et savoirs des enfants tels qu’acquis en famille afin d’établir des ponts avec les connaissances et savoirs visés à l’école.
Il en découle un réel besoin de nouvelles approches pédagogiques et outils didactiques favorisant l’apprentissage des disciplines fondamentales dont le français, les mathématiques, les sciences par l’inclusion du nengone, soit le système de ressources culturelles et langagières des enfants. Nous postulons que la contextualisation et la diversification des stratégies d’apprentissages agiraient en faveur de la réussite et du bien-être des élèves à l’école.
En partant des résultats de l’analyse, la méthodologie de la recherche-action permettra d’intervenir dans le champ formatif des professionnels en les accompagnant vers une meilleure gestion des ressources culturelles et langagières des apprenants. Plus largement, l’éducation bilingue représente un enjeu sociétal en promouvant la réconciliation et le vivre-ensemble.