AK-100 : ces accents qui dérangent…


01 janvier 2018

UNC (ERALO - LIRE)

Dans une démarche pluridisciplinaire (linguistique, études océaniennes, sociolinguistique, didactique du plurilinguisme) s’inspirant de projets photographiques d’empowerment, nous souhaiterions mettre en évidence – en vue de les déconstruire – les discours (mono)normatifs et correcteurs qui ponctuent le quotidien des Néo-calédoniens. Nous avons invité des étudiants (dont certains se prédestinant aux métiers de l’enseignement) à réaliser un autoportrait photographique dans lequel ils tiennent une pancarte avec une inscription. Cette dernière témoigne de remarques dont ils ont été destinataires en raison de telles pratiques langagières et/ou caractéristiques linguistiques. A la lumière des photographies prises et des textes explicatifs qui les accompagnent, l’objectif est de comprendre en quoi leur répertoire et manifestations sociophonétiques provoquent ce que nous appellerons des « micro-agressions linguistiques ». Ces phénomènes renvoient au concept de glottophobie (Blanchet, 2017) et visent une variation inter/intra-linguistique jugée « incorrecte », « bizarre », « illégitime » ou même « impure ». La particularité des micro-agressions est qu’elle se manifeste implicitement à travers une remarque insidieuse voire aux apparences flatteuses alors qu’en l’examinant de plus près, on s’aperçoit des conceptions réductrices et discriminatoires qu’elle mobilise. Au-delà des implications dans le rapport diglossique langue française-langues kanak, il s’agit également d’étudier les hiérarchisations induites in extenso entre les différentes langues et communautées minorées.