« La diversité linguistique à l’école : représentations d’élèves en Nouvelle-Calédonie » par Elatiana Razafi (2021)


27-09-2021

Une nouvelle publication de notre collègue Elatiana Razafi (membre associée ERALO) vient de paraître dans l’ouvrage collectif  de Rodica Ailincai & Séverine Ferrière paru aux PUNC. Ce travail donne la parole à des élèves de primaire en province Nord et propose une lecture des représentations sociales et des enjeux de pouvoirs liés aux langues en Nouvelle-Calédonie.

 

Retrouvez l’annonce de la publication en ligne sur la page dédiée de l’UNC.

Retrouvez l’ouvrage intégral en ligne gratuitement sur :
https://unc.nc/wp-content/uploads/2021/09/Langues-et-cultures-oce%CC%81aniennes-17-09-31.pdf

 

Résumé :

Au-delà d’être un outil de communication, la langue sert également de marqueur d’identité sociale (Billiez, 1985 ; Gumperz, 1982) : elle participe à la construction du sentiment d’appartenance tout autant qu’à la mise en altérité. La recherche scientifique s’est d’ailleurs équipée de néologismes visant à théoriser et à déconstruire les formes de discrimination basées sur du langagier : « linguicisme » (Skutnabb-Kangas, 1988, p. 13), « glottophobie » (Blanchet, 2016), « micro-agressions linguistiques »  (Razafimandimbimanana et Wacalie, 2018 ; 2019). En contexte pluri/multilingue, la différenciation linguistique est souvent instrumentalisée pour légitimer l’ordre établi ou encore pour objectiver une conception hiérarchisée du vivre-ensemble.
La Nouvelle-Calédonie, qualifiable d’exception en matière de diversité linguistique, est le siège d’oppositions idéologiques entre le monolinguisme et le plurilinguisme. Legs de l’expérience coloniale1, le premier est généralement associé aux sympathisants loyalistes tandis que le deuxième aux indépendantistes. La question des langues enseignées à l’école revêt, par conséquent, une dimension politique (Roche, 2016 ; Vernaudon, 2013) et hautement politisée, d’où l’intérêt d’étudier les représentations sociales de la diversité linguistique. Le présent travail propose, pour cela, d’adopter le point de vue d’élèves plurilingues. En convoquant une épistémologie intersubjective (Merleau-Ponty, 1985 : XV ; Razafimandimbimanana, 2008, p. 75 et p. 161 ; Schütz, 1998), je reviendrai sur un projet de recherche intitulé Les langues dans ma case/La case des langues et mené avec un enseignant spécialisé, à dominante pédagogique en province Nord. Le travail de terrain a été réalisé entre 2017 et 2018 avec un groupe d’élèves âgés de 6 à 11 ans, tous bénéficiant d’un accompagnement adapté pour travailler la lecture en français (cf. photo 1, p. 103). Je reviendrai d’abord sur le travail de recherche avant d’explorer les représentations de la diversité linguistique avec, en toile de fond, la question des intérêts collectifs dont les langues peuvent être porteuses.

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1 Pour un aperçu des principaux évènements constitutifs du récit historique de la Nouvelle-Calédonie, annexée par la France en 1853, voir Leblic, 2003.


Elatiana RAZAFIMANDIMBIMANANA. 2021. « La diversité linguistique à l’école : représentation d’élèves en Nouvelle-Calédonie », dans Ailincai, Rodica & Ferrière, Séverine, Langues et cultures océaniennes, école et famille : regards croisés. Nouméa : Presses Universitaires de la Nouvelle-Calédonie.  URL :  https://unc.nc/wp-content/uploads/2021/09/Langues-et-cultures-oce%CC%81aniennes-17-09-31.pdf